Révélé à Locarno en 2015 avec le magnifique Senses,
Ryusuke Hamaguchi a confirmé tout son talent de
scénariste et metteur en scène avec Asako I et II.
Deux films l’imposant d’emblée comme le cinéaste du
renouveau pour le cinéma japonais.
Ce qui l’intéresse, en adaptant ici une nouvelle de
Murakami, ce sont toujours les affects, les variations troubles du sentiment
amoureux, l’intimité des personnages, et bien sûr la mise en scène, les
dispositifs cinématographiques capables de rendre compte de cette intériorité
des personnages.
Ici, le héros Yusuke est un acteur et metteur en scène de théâtre, qui découvre par
hasard l’infidélité de sa femme et qui lui fait peu après une émouvante déclaration
d’amour. Sa femme ayant disparu, on le retrouve deux ans plus tard, en train de
monter Oncle Vania de Tchékov. Comme le dramaturge russe, il s’interroge sur
ses sentiments, la difficulté à expliquer le comportement même de ses proches.
C’est par les échanges dialogués, la parole, que les personnages apprennent à
vivre avec leurs affects, les non-dits. Yusuke, ses acteurs, sa chauffeuse officielle,
évoluent malgré leurs interrogations, grâce entre autre à la médiation de la
parole théâtrale.
Un des films évènements de Cannes 2021, Prix du Scénario, dont la mise en scène
subtile et brillante a séduit l’ensemble de la critique internationale.