Hommage rendu à Christophe, ce grand musicien qui composa la BO de Jeanne, décédé en avril dernier. Il s’agit de Jeanne d’Arc, figure ayant inspiré nombre de réalisateurs. Chez Dreyer, vierge mystique, chez Bresson, magnifique insolente face aux princes de l’Eglise, chez Rivette, emblème juvénile de l’insurrection. Le désopilant chamboule-tout, Bruno Dumont, nous donne à voir une Jeanne généreuse, populaire, et d’une farouche résistance à ce qui, au jour le jour, nous aliène, nous humilie. Sa représentation excentrique de Jeanne en fillette de 12 ans incarne mieux encore l’entièreté de son caractère et de son innocence. La mise en scène, théâtrale, comme un conte médiéviste, intrigue. Tout comme le timbre des voix incroyable, prolongé par les chansons de Christophe, invité formidable du cinéma de Dumont. Il y a écrit et interprète quatre chansons dont une à l’image lors de la scène du procès. Sa voix si singulière et sa partition instrumentale majestueuse (piano, synthé éthéré ou imposant) atteignent le sublime par sa pureté. Elles accompagnent la pensée intime de Jeanne, son mystère. « L’univers de Bruno a sa propre musique qui me correspond comme si l’image pouvait générer du son. (…) Jouer chez Bruno Drumont, c’est comme travailler avec Godard dans les années 60. » Christophe