Nadav Lapid est sûrement l’enfant terrible du cinéma israélien, et son représentant le plus talentueux, à ce jour. Révélé à Locarno en 2011 avec son premier long métrage Le policier, qui avait obtenu le Prix du Jury, il a ensuite présenté à Cannes, en 2014, L’institutrice, avant de connaître la consécration à Berlin avec Synonymes, Ours d’Or du Meilleur Film en 2019. Le genou d'Ahed a quant à lui récolté le Prix du Jury à Cannes en juillet.
Ici, comme dans ses films précédents, il continue à interroger son pays, la nation israélienne, et ses institutions, dénonçant sans concession la politique de l’état israélien. Dans une forme narrative expérimentale et complexe, il entremêle dans Le genou d’Ahed trois récits mettant en scène un cinéaste, sorte d’alter ego du réalisateur lui-même, préparant un film sur une jeune palestinienne torturée (l’Ahed du titre). C’est aussi la rencontre avec une fonctionnaire de la culture, l’évocation de son propre passage dans l’armée qui lui permettent de dresser un portrait au vitriol de son pays.
Tout ceci dans une forme élaborée, ambitieuse, traversée d’images splendides, de moments saisissants. Une mise en scène furieuse, comme l’est le personnage interprété par le charismatique Avshalom Pollack, et sans aucun doute Nadav Lapid lui-même, cinéaste à découvrir de toute urgence.